Bonjour,
Après un long silence, je reprends mon clavier, avec un partage qui change un peu de mes articles habituels. En effet, j’ai envie de vous faire un retour de la conférence que j’ai été écoutée le 9 octobre à Paris. A l’occasion de la sortie de son livre « Les lois naturelles de l’enfant », Céline Alvarez partage son expérience.
Le but de cet article n’est pas d’ajouter à sa médiatisation, elle a déjà de nombreux relais. Je souhaite simplement souligner ce qui me semble important dans son message et comprendre comment celui-ci s’inscrit dans de nombreuses choses qui existent déjà (et elle le dit aussi ).
La différence dans son discours par rapport à d’autres pédagogues ?
Elle apporte la preuve scientifique que de nombreuses techniques pédagogiques déjà connues fonctionnent, et donc ce n’est plus seulement le fruit de quelques personnes inspirées comme Maria Montessori, qui en avait l’intuition.
Je n’ai pas encore lu son livre « Les lois naturelles de l’enfant » (mais il est dans ma liste des livres « à lire absolument « ), c’est donc bien de la conférence dont je vous parle et des choses importantes que j’en retiens.
Tout a commencé pour Céline, lors de ses études de linguistiques. Elle s’est posé la question suivante :
Et si l’école respectait les grands principes d’apprentissage et d’épanouissement humain ?
C’est avec cette question qu’elle a décidé de passer le concours de professeur des écoles pour voir ce qui était possible de faire avec les enfants.
Comment le cerveau humain se développe-t-il ?
Les neurosciences nous fournissent de très nombreuses informations. Aujourd’hui, nous savons que le cerveau du bébé qui naît est très immature et qu’il est fait pour être très malléable les 5 premières années de la vie afin de capter un maximum d’informations du monde qui l’entoure.
Ainsi, entre 0 et 5 ans, l’enfant créé un nombre énorme de connexions synaptiques (entre les neurones), chacune d’elles correspondant à une association d’idées, de mouvements, d’images, d’expériences, de sens, d’émotions, de comportements…. tout ce qui est nécessaire pour vivre dans le monde.
Pour vous donner une idée : si le nombre de connexions internet dans le monde est notre référence, le cerveau adulte en possède 3 fois plus et celui de l’enfant 10 fois plus !
A partir de l’âge de 5 ans, le cerveau élague les connexions les moins utilisées et renforce celles qui servent le plus. En grandissant, le cerveau devient expert.
De quoi les enfants ont-ils besoin pour bien apprendre ?
Un environnement riche est nécessaire mais il ne suffit pas. Selon Céline Alvarez, voici les principales lois naturelles d’apprentissage :
NB: en lisant cela, je vous invite à sortir du « oui, c’est évident », et de vous permettre d’aller plus en finesse dans ce que cela implique. Si Céline parle des enfants, je vous invite à faire les transpositions pour vous-même, car c’est la même chose – vous y trouverez surement des clés pour apprendre mieux ou sortir de certains « blocages » .
I- La MOTIVATION
Quand un enfant est motivé, c’est que sa curiosité est éveillée. S’il n’est pas curieux, il va dépenser (et les adultes autour aussi) une énergie colossale pour retenir quelque chose qui ne l’intéresse pas.
Faut-il les laisser faire comme ils veulent ? Non !
Avez-vous remarqué comme les jeunes enfants sont poussés à conquérir le monde, ils regardent, ils cherchent, ils expérimentent et explorent… ils sont curieux de nature. Bien souvent ce sont les adultes qui ne suivent pas ou qui ne s’accordent pas sur ce qui intéresse l’enfant à un moment précis.
Éveiller la curiosité d’un enfant peut se faire de nombreuses façons… notamment en donnant du sens à une activité, à lui expliquer en quoi cela peut lui être utile.
Un enfant qui est dans le plaisir pendant l’apprentissage recevra des décharges de dopamine (hormone du plaisir) dans le cerveau… ce qui facilite grandement la mémorisation.
Inversement, un enfant stressé ou in-intéressé rencontrera des difficultés à mémoriser ou à se concentrer… car il n’éprouve aucun plaisir.
N’est-ce pas strictement la même chose pour nous adulte ?
II- Une ACTIVITÉ ENGAGÉE
L’enfant est prédisposé à être dans un engagement total et actif par le biais de la projection dans le monde extérieur.
De là, à chaque fois que l’expérience vécue est en décalage avec ce qu’il connaît déjà, cela créé un effet de surprise qui provoque une réorganisation des connaissances.
C’est pour cela que pour apprendre, il est nécessaire de sortir du connu et d’accepter l’inconnu et ses échecs car c’est la seule voie qui permet l’apprentissage.
Prenez l’exemple de l’entrée en 6e : l’enfant est confronté à de nombreux inconnus… s’il appréhende et semble maladroit les premiers temps, très rapidement le nouveau rythme et les nouveaux fonctionnements sont intégrés et semblent naturels. Non ?
III- AUTONOMIE
L’autonomie permet de développer les compétences exécutives de l’enfant.
Qu’elles sont elle ?
- La mémoire de travail : mémorisation et organisation sur un temps court pour atteindre l’objectif fixé
- La flexibilité cognitive : détection des erreurs et capacité à les dépasser en persévérant jusqu’à la réussite
- Le contrôle inhibiteur : capacité à différer une envie pour atteindre l’objectif, contrôler ses émotions, ses comportements…
L’expérience du Chamallow a prouvé que les enfants de 4 ans qui arrivaient à se contrôler en ne mangeant pas le premier chamallow et donc avait droit à un deuxième, était ceux qui avaient une meilleure réussite sociale à 30 ans que ceux qui ne résistaient pas. Ceux qui savent mieux se contrôler sont plus heureux à 30 ans.
Il a été prouvé que les compétences exécutives étaient un meilleur prédicateur que le QI en termes de réussite sociale.
Laissez un enfant seul dans une pièce et donnez-lui un chamallow. Précisez qu’il peut le manger ou bien attendre que l’adulte revienne. S’il attend, il aura droit à un second chamallow. Gros dilemme…
IV- GESTION DU STRESS
Les enfants stressés sécrètent du cortisol et cela attaque le cerveau. Notamment au niveau de la mémoire. Cela inhibe le processus d’apprentissage. Un enfant stressé ne peut pas apprendre correctement.
Les enfants ont besoin d’un environnement non stressant, et si besoin qu’on leur apprenne à gérer le stress quand il y en a.
V- Le LIEN SOCIAL EMPATHIQUE
Pour le Dr Gueguen, l’empathie permet de se connecter à l’autre. Créer un environnement aimant où l’enfant se ne sent pas juger facilite la création de ce lien empathique avec les autres.
Pour permettre à l’enfant de bien de développer ses capacités cognitives l’enfant à besoin d’un environnement chaleureux, social, bienveillant.
Même s’il est dans un environnement riche dans lequel l’enfant est motivé et actif, s’il est jugé, humilié, critiqué… il ne pourra pas s’épanouir correctement.
En quoi est-ce que tout cela est révolutionnaire ?
Ce qui était instinctif avant est maintenant prouvé scientifiquement. Par conséquent, il est temps que ces pratiques dites « alternatives » aujourd’hui laissées en marge, rayonnent enfin et deviennent la norme.
Le rapport du haut conseil de l’éducation en 2007 et 2012, stipule que 40% des enfants ont des lacunes en fin de CM2 pour pouvoir poursuivre une bonne scolarité.
Et si l’école respectait ces grands principes d’apprentissage
et d’épanouissement humain ?
Expérience de Gennevilliers :
Céline a été institutrice pendant 3 ans dans une école maternelle en ZEP + plan violence. Dans la classe, il y avait 25-27 enfants par an dont 1/3 de non francophone.
Céline a mis en application dans sa classe les travaux de Maria Montessori.. « pour voir ». Il y avait divers ateliers et les enfants choisissaient ce qu’ils faisaient.
A noté que dans la classe, pas de coin poupées ou camion… par manque de place. Céline a fait évoluer ses ateliers en fonction de ce qui plaisait ou non aux enfants.
Année 1 : les résultats des tests ont été très positifs: la mémoire de travail des enfants était améliorée. Elle donne l’exemple d’une petite fille qui arrive avec 28 mois de retard de mémoire de travail et en 6 mois gagne près de 18 mois de mémoire de travail d’avance.
Année 2 : l’Éducation Nationale à interdit de faire les tests. Elle en a fait quand même auprès de 15 enfants volontaires. Pour évaluer les compétences le psychologue a dû utiliser des tests pour des enfants de CE2 pour étalonner les résultats.
Année 3 : les circuits cognitifs des enfants allaient très bien et la plupart avaient 18 mois d’avance sur le développement « classique ».
plus de confiance en soi
enfant poli
capacité d’organisation et de rangement
Esprit critique
sens moral
sens social
Empathie
générosité
les enfants sont plus calmes, apaisés. Ils ont changé en mieux.
Quand ont laisse les enfants faire et apprendre : lire, écrire, compter redevient une quête rapide et heureuse. Le plus important est de laisser l’enfant dans son rythme.
L’expérience s’est arrêtée en juillet 2014 sur décision de l’Éducation Nationale. Céline a démissionné. Depuis elle partage des contenus pratiques et théoriques sur le sujet.
cf site internet, plus de 1500 enseignants engagés dans la démarche.
Et si l’école était un lieu d’individuation et d’émancipation ?
Question sur l’âge et l’apprentissage :
entre 2 et 5 ans il y a une urgence à agir car c’est une période où la plasticité cérébrale est la plus grande.
Ensuite, les mécanismes d’apprentissage sont les mêmes, c’est juste la plasticité qui est différente. Une personne passive n’apprend pas. L’humain apprend quand il est motivé, actif, aimé et soutenu…
Apporter de l’amour, du soutien et des encouragements … de l’amour et du sens !
Pourquoi ce qu’elle dit est important ?
Tout simplement parce qu’elle revient sur les fondamentaux.
Si Céline à décider de se focaliser sur la période 2-5 ans c’est parce que ça correspond à une période de forte plasticité cérébrale. Mais ce qu’elle dit est valable pour tout le monde et tout le temps !
Il existe sur internet de nombreuses vidéos et site qui parle d’apprentissages, je vous invite à vous poser la question : Dans quelles conditions avez vous le plus de facilité à apprendre ?
Si vous avez des enfants et que vous ne vous sentez pas de révolutionner l’école, je vous propose d’accompagner vos enfants en les aidant à mettre du sens sur ce qui se passe à l’école, en leur proposant des activités en lien avec leurs centres d’intérêt, en respectant leur rythme..
J’aime beaucoup cette expression : de l’amour et du sens
parce que derrière cela, il y a : valoriser, avoir confiance dans les capacités de l’enfant, l’aimer pour ce qu’il est et non pas pour ce que vous voudriez qu’il soit, guider, expliquer, laisser expérimenter, rire, jouer….
Imaginez un monde où les gens se parlent avec suffisamment de respect et d’amour pour être capable de s’adapter à l’autre tout en sachant se respecter ?
Un monde dans lequel l’échec est permit voir même encouragé parce que c’est grâce à lui qu’il y a apprentissage. ..
Un monde où vous faites les choses non pas parce « il faut » , mais parce que vous avez envie que vous êtes curieux et donc que vous êtes motivé d’apprendre.
Un monde où sortir de sa zone de confort est un acte quotidien et volontaire, réalisé dans le plaisir et la créativité.
Comment vous trouveriez ça ?
Personnellement j’adorerais !
Le changement commence maintenant !
Avec vos enfants, vos collègues, vos amis….
Gaëlle Dupont
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