Vaste question …
Nos émotions font partie de la chimie de notre corps, elles permettent de vivre et traverser les événements de la vie. Pour moi, les émotions sont comme des panneaux indicateurs qui pointent dans une direction, comme pour me dire « regarde… c’est par là qu’il y a quelque chose à observer, à écouter, à ressentir… ». 
Il y a des choses que je regarde et que je vis avec un grand plaisir, comme la joie, la surprise, la découverte. Et d’autres vers lesquelles je n’ai pas vraiment envie d’aller, comme la tristesse, la colère, le dégoût. Le pire je crois, c’est quand l’émotion me dit : « vas par là » et que je ressens des trucs qui serrent à l’intérieur, comme une oppression, j’en frissonne presque tellement cela me pousse vers quelque chose qui me fait vraiment peur… comme s’il y avait une force qui me poussait en disant : « c’est par là » et une autre qui me retient en disant : « ça va pas non ! c’est dangereux par là ! ».

Alors comment faire ?

J’ai déjà écrit de nombreux articles sur les émotions, ce que je souhaite aborder ici, c’est le mécanisme de lutte, de combat contre soi qui se met en place.
J’entends souvent des personnes dire « il faut que je lutte contre cette partie de moi qui… », « je dois combattre ce mécanisme en moi… », « il faut que je me force à … », « il est nécessaire que je résiste à… »
C’est quoi ? La guerre contre vous-même et vos émotions ?
De nombreuses personnes veulent se sentir sereines et en paix avec elles-mêmes et leur premier réflexe quand elles ressentent quelque chose qu’elles n’aiment pas est de vouloir « lutter contre ». Ça vous semble logique ?
Revenons un peu en arrière… depuis que nous sommes petits nous entendons qu’il y a des émotions positives et d’autres négatives. Du coup, c’est logique de vouloir combattre ce qui est mauvais pour nous !
Or, il y a eu un amalgame entre « positif » et « négatif » avec « agréable » et « désagréable ». Être triste ou en colère est désagréable j’en conviens, mais est-ce négatif pour autant… je ne crois pas.
Si vous acceptez le fait qu’une émotion est juste un signal du corps ou une chimie du corps qui permet de traverser un événement de la vie, alors vous conviendrez que le minimum à faire est de laisser faire, non ?
Pour mieux comprendre le mécanisme, nous pouvons comparer les émotions à la réaction du corps face à une coupure. Lorsque le couteau dérape, la première chose que vous ressentez est une douleur… signal que votre corps est blessé. Votre réflexe à ce moment-là est d’en prendre soin, de mettre du désinfectant et un pansement (ou plus si nécessaire). Ensuite, c’est le corps qui répare la coupure. Cela peut être plus rapide si vous appliquez du cicatrisant, ou plus lent si vous nagez dans l’eau de mer. Dans tous les cas, c’est le corps qui œuvre pour la cicatrisation.
Les émotions fonctionnement de la même manière avec le psychisme, elles sont là pour signaler qu’il est touché et elles permettent la « cicatrisation » de la part de soi qui est blessée par un événement de la vie. Il suffit de laisser faire…
Lorsque vous luttez contre… c’est comme si vous mettiez de l’eau de mer dessus ou que vous laissiez de la terre sur la plaie ouverte… ça empêche la bonne cicatrisation et parfois même ça s’infecte.
Il est évident que lorsque vous « refouler » ou « lutter contre » une émotion, ce n’est pas pour vous faire du mal, c’est ce qui vous semble le plus adapté à ce moment précis, ou tout simplement parce que vous ne savez pas faire autrement. 
Dans ce domaine rien n’est bon ou mauvais. Il y a surtout ce que l’on est capable de faire à un moment donné. Chacun a sa propre histoire et donc sa manière, bien particulière, de gérer, de faire face aux événements de la vie.

Les différentes parties de nous… nous racontent une histoire

L’enfant que nous étions a navigué comme il a pu dans son enfance, à l’école, avec les amis, la famille… et il est arrivé, à des moments bien spécifiques, que les circonstances extérieures soient trop difficiles pour pouvoir les traverser sereinement. Alors, un mécanisme naturel de protection du psychisme a mis cet épisode à distance, comme pour attendre que cet enfant acquiert les capacités nécessaires pour y faire face et digérer cette émotion.
Et tout au long de la vie, ce mécanisme de protection fonctionne, mettant à distance toutes ces émotions que nous ne sommes pas en capacité de dépasser au moment où cela se déroule. Cela peut-être parce que nous ne pouvons y mettre du sens (par ex, un enfant ne « conçoit » pas la mort quand il est tout jeune), ou que nous ne sommes pas disponible pour cela (par ex : lors d’un accident, toutes les ressources sont mobilisées pour la survie, la mise en sécurité, pas sur les émotions, cela viendra plus tard).
C’est ainsi, que plus nous avançons dans la vie et plus des « parties de nous » sont mises à l’écart pour notre bien-être psychique et nous permettre de continuer à avancer. 
Seulement, il arrive un temps où nous devenons compétents ou disponibles pour accueillir ses parties de nous. Il arrive aussi que les événements de la vie viennent faire résonance et réveille une partie de nous endormie.
Cela arrive généralement lorsque nous ne l’attendons pas, par des voies détournées et on semble être pris au dépourvu.  Et pour tant en cherchant bien il y a toujours une cohérence, une disponibilité.
Comment les reconnaître ? Tout simplement parce qu’elles provoquent des réactions émotionnelles inadaptées ou disproportionnées par rapport à la situation. Entrer dans une colère monstre parce que votre fils de 3 ans a dessiné sur la table et non pas que sur la feuille comme vous le lui aviez demandé, est excessif ! Prendre une voix de petite fille pour dire à votre patron que sa décision est injuste, n’est pas adapté.
C’est à ce moment là que nous avons cette tendance naturelle, de repousser nos émotions, de vouloir les enfouir à nouveau… parce que nous sommes surpris, parce que nous n’avons pas décidé consciemment de les faire émerger, ou parce que cela nous fait peur…
Oui, parfois ce qui surgit de l’intérieur de nous nous fait peur… c’est assez naturel d’avoir peur et surtout je me demande à quel point la peur que nous ressentons à ce moment là n’est pas le signal qu’il se passe quelque chose d’important pour nous là… quelque chose qui pourrait changer ma façon d’être, ma façon de voir les choses. Le changement, l’inconnu, ça peut faire peur…
Quand l’émotion surgit, on a tendance à s’en faire une montagne en oubliant qu’en fait c’est juste une partie de nous qui sonne à la porte pour demander un peu d’attention et être enfin intégrée, acceptée.
Pour moi, les émotions enfouies qui refont surface ne viennent que lorsque l’on a la maturité et les ressources émotionnelles, intellectuelles, psychiques pour l’accueillir et la digérer.
Du coup, quand une émotion se présente, vous pouvez très bien vous dire que si elle est là c’est que vous avez toutes les capacités pour l’accepter.

Faut il avoir peur de ce qui a en soi ?

Souvenez vous des ces ombres sur le mur qui vous faisaient si peur quand vous étiez petit. Votre imagination créait toute sorte de monstres ou autres choses terrifiante et il suffisait d’allumer la lumière pour se rendre compte que c’était juste l’ombre de la branche d’un arbre ou un volet mal accroché qui grinçant avec le vent ou le chat du voisin….
Accepter de voir, mettre de la lumière dessus vous rassurait en quelques secondes. C’est le fait de laisser planer le doute, l’objectif,  la peur… qui alimente les pires phantasmes de nos « monstres » intérieurs.
Oui cela demande du courage de décider d’allumer la lumière pour voir vraiment de quoi il s’agit.
Et en même temps de mon expérience ce que la personne découvre alors…. elle capable d’y faire face, cela peut même lui sembler anodin tellement l’expérience et la maturité ont apporté des ressources et une capacité de comprendre et dépasser ces événements anciens. Et même si c’est encore douloureux la personne est en capacité de le regarder en face. Et de se faire accompagner d’un professionnel si besoin pour passer le cap.
Faites confiance en votre inconscient qui sait mettre à distance et faire émerger les émotions tel un chef d’orchestre intérieur qui œuvre pour fluidifier la vie.
Et si ce qui se passe ne vous convient pas… il existe des outils pour canaliser vos émotions.
La seule chose à bien se rendre compte est qu’une émotion est tel un signal qui se passe quelque chose pour vous. Ne pas l’écouter revient à nier des parties de se vous.
Il y a une grande différence entre éloigner une émotion parce que trop forte (en général c’est l’inconscient qui s’en charge automatiquement, ex: dissociation, prise de recul en cas d’accident, agression ou autre), et de refuser délibérément l’écoute de vous-même et de ce que votre inconscient vous envoie comme message.

Que faire avec mes émotions, ces signaux ? 

Pour Thierry Tournebise, il s’agit d’apprendre à accueillir, accepter et écouter chacune des parties de nous qui se présentent à travers nos émotions afin de se reconstruire, de réunifier les parts de nous-même pour devenir un être de plus en plus complet. Il nous dit :
« [Conduire réellement sa vie,] c’est un peu comme s’il s’agissait d’un kit complet dont il ne faut rien jeter. Il n’y a pas les bonnes et les mauvaises pièces mais un ensemble à construire en respectant la notice d’emploi. Cette notice d’emploi est constituée par tout ce qu’on ressent à chaque instant de la vie. Il est plus judicieux de l’écouter que de la combattre. Comme pour le fil conducteur d’Ariane qu’il ne faut pas couper, il y a la notice qu’il ne faut pas mettre au feu. Or, à chaque fois qu’on nie ce qu’on ressent, c’est un peu comme si on brûlait la notice. Pas étonnant que le montage soit souvent si désordonné. »
 
« Ce qui est identifié comme « problème psychologique » n’est autre qu’un chemin qui conduit, en nous, vers ce qui attend d’être réhabilité, vers ce qui attend de trouver sa juste place, vers ce qui attend d’être accueilli et aimé par nous-mêmes. Nous devons apprendre à utiliser ce chemin comme un fil d’Ariane. »
Quand vous vous sentez touché, prenez un temps pour accueillir la part de vous qui est meurtrie, qui a été abandonnée, qui a eu peur, qui a été rejetée… accueillez-la, acceptez-la, prenez-la dans vos bras, faites lui une place dans votre coeur… et tout s’apaisera.
Astuce : quand une émotion arrive à un moment où vous n’êtes pas disponible. Dites a votre inconscient que vous avez entendu mais que vous n’êtes pas disponible tout de suite et donner lui rdv à un moment, une heure précise pour écouter le sens du message. Accueillir la partie en souffrance. Et présentez vous au rdv !
Gaëlle Dupont