Je ne sais pas si vous avez remarqué comme il est fréquent de constater que l’on se dispute souvent pour la même chose…. ?

En général, ce n’est pas très agréable, mais pour une raison plus ou moins mystérieuse on a tendance à recommencer… Hum… mystère…. ou pas !

Alors comment ça marche ?

Plusieurs mécanismes sont à l’origine de la majorité des conflits, des disputes… Tentons d’y voir plus clair.

1. On ne se comprend pas !

« Je t’ai demandé de préparer le diner, et là j’arrive, la table n’est pas mise, la vaisselle n’est pas faite, la cuisine est sale…. Je ne peux vraiment rien te demander ! »

«  Tu m’as demandé de faire le diner…. J’ai préparé une salade, un plat composé et je t’ai même fait ton dessert préféré pour te faire plaisir. La prochaine fois je ne ferai rien du tout… t’es jamais contente quoi que je fasse ! »

Même quand on a l’impression d’être clair, il est très fréquent que l’autre ne nous comprenne pas. Cela peut sembler injuste et difficile, seulement c’est un phénomène tout à fait naturel.

En effet, nous percevons le monde avec nos 5 sens et ensuite notre cerveau interprète cette « réalité » pour lui donner du sens. Ce sont donc nos expériences de vies qui nous permettent de mettre du sens sur les choses et les événements.

Aussi lorsque vous demandez à une personne de faire la vaisselle, voici plusieurs interprétations possibles :

Faire la vaisselle = laver la vaisselle qui est dans l’évier

Faire la vaisselle = rassembler toute la vaisselle sale, la laver et la laisser sécher

Faire la vaisselle = rassembler toute la vaisselle sale, la laver, la sécher et la ranger

Aucune de ces définitions n’est plus vraie ou fausse qu’une autre, c’est juste une question de la signification que chacun va mettre.

Alors, avant de faire des reproches à l’autre il est bon de clarifier que vous parlez bien de la même chose et de ce que cela implique. Sinon, sachez le préciser la prochaine fois ou acceptez que cela soit différent pour l’autre.

2. Je te donne des conseils et t’es pas content ?

« Tu sais avec ton fils tu devrais… », « avec les belles-mères il n’y a qu’une chose faire…. », « tu devrais te mettre à courir, comme moi, ça fait un bien fou… »…

Je suis sûre que vous avez des conseils à donner plein la besace et que vous en recevez plus que vous ne pouvez les suivre…. Je me trompe ?

Eh oui, nous nous sentons souvent désemparés face à une personne triste, ou en entendant des choses comme « je n’en peux plus de… », « avec XY c’est compliqué… ». Alors nous donnons des conseils… avec la meilleure intention du monde, et l’autre commence à s’énerver ! C’est injuste !

Oui et non…

Souvenez-vous quand c’est vous qui êtes la personne qui partagez une difficulté. Que c’est agaçant d’entendre l’autre projeter ses propres solutions sur notre problème. En plus, c’est assez rare que cela corresponde à ce dont vous avez besoin à ce moment-là. Non, en général, vous avez juste besoin d’une personne qui vous écoute, sans porter de jugement, qui est là pour vous, juste pour vous. N’est-ce pas ?

Alors quand vous êtes avec une personne qui partage avec vous quelque chose qui la questionne…. Ce n’est pas de votre réponse dont elle a besoin, c’est d’avoir une personne qui entende ce questionnement et qui lui permette de trouver la réponse par elle-même ou juste d’être entendue !

3. Mais je te dis ça pour ton bien…

« N’oublie pas ton écharpe », « arrête de manger du chocolat », « fait plus de sport »…

Le tutututututu qui tue les relations et qui nous prive de notre liberté d’être.

Bien sûr que nous voulons du bien aux personnes que l’on aime, alors pourquoi passer autant de temps à leur ce qu’il faudrait qu’il pense, qu’il fasse, qu’il ne fasse pas…. Pour leur bien ou pour le vôtre ?

L’origine de ce qui agace ici, est la manière dont nous pensons à la place de l’autre. Nous pouvons dire que c’est une question de formulation. Par exemple « n’oublie pas ton écharpe » > « j’ai vu qu’il allait faire froid aujourd’hui, je te demande de mettre ton écharpe » (à un enfant) ; « J’ai vu qu’il allait faire froid aujourd’hui, je te recommande de prendre ton écharpe » (à un adulte/ ados).

La différence de formulation dans l’exemple ci-dessus permet de sortir du « je t’impose » à « je te demande » ou « je te propose ». Cela présente l’avantage de laisser la liberté à l’autre de faire pour lui, tout en vous permettant de témoigner de ce qui vous habite.

Sous des formulations comme « fais ceci », « arrête… », se cache souvent une réflexion qui ressemble à « je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi, je te connais ».

Arrêtez de dire à l’autre ce qu’il doit faire en permanence, comment pouvez-vous savoir mieux que lui ce qui lui convient le mieux ?

Si une personne « n’en fait qu’à sa tête » et ne vous écoute pas, c’est probablement qu’elle choisit de faire pour elle-même sans se soumettre aux « ordres » que vous lui donner. C’est une belle compétence ! A vous d’entendre comment vous pourriez dire les choses de façon différente.

Proposer sans imposer et laisser à chacun sa liberté d’être.

4. Si tu pouvais entendre ce que je ne te dis pas …

Combien de disputes commencent par une attente implicite ? Combien de fois attendons-nous de l’autre des choses sans que nous ayons même eu besoin de les demander ?

Trop… j’ai envie de dire. Sans même nous en rendre compte nous sommes souvent plein d’attentes envers les autres… et quand cela ne se passe pas comme nous l’avions imaginé ou comme nous en avons besoin, et bien cela nous mets en colère et déclenche une dispute !

Cela demande un peu de remise en question personnelle, mais c’est tellement plus apaisant de reconnaitre que ce n’est pas l’autre qui « à tort », seulement nous qui avions une attente !

Dans la mesure du possible, apprenez à expliciter vos attentes et/ ou à reconnaitre avec humour que vous auriez souhaité que l’autre entende une demande non exprimée ;-)!

5. De toute façon je suis énervé, alors…

Et enfin, le plus grand déclencheur de dispute est votre état intérieur… lorsque vous êtes fatigué, stressé, irritable, en colère…. La moindre chose extérieure qui ne vous convient pas peut déclencher un conflit.

Gare à ceux qui se trouvent sur votre passage… un vêtement qui traîne, un comportement inadapté, le retard d’un collègue… un rien déclenche une dispute. La personne face à vous se défend et c’est bien normal, elle ne va pas se laisser faire par votre mauvaise humeur !

Dans ce genre de situation :

  • Soit vous prenez conscience de votre irritabilité et vous faites en sorte de ne pas le faire « payer » aux autres
  • Vous vous faites accuser à tort ? Ne réagissez pas ! Laisser l’autre se calmer.
  • Vous pouvez aussi vous positionner : « Je te sens irritable depuis que tu es rentré du travail et je refuse que tu reportes ta colère sur moi ! »

Prendre conscience de son état intérieur est le premier pas vers plus d’apaisement dans les relations. Cela permet notamment de ne pas mettre dans une relation une colère qui appartient à une autre.

Se disputer peut avoir du bon et permet souvent de dire des choses restées cachées depuis longtemps. A éviter cependant les petites disputes « de principe » où chacun s’accroche à son point de vue comme à une bouée. Si quelque chose d’important est en jeu pour vous, apprenez à mettre des mots dessus et sortez de l’élément déclencheur qui souvent ne correspond pas à ce qui gêne vraiment dans la relation. Parfois, prendre de la distance et se calmer chacun de son coté permet de mieux se retrouver ensuite pour discuter calmement.

Gaëlle Dupont