Apprendre à communiquer, se doter d’outils et de concepts pour améliorer ses relations au quotidien… oui mais y a-t-il une autre finalité ?
Au cours de mon cheminement, je me suis rendue compte à quel point le fait de changer ma façon d’être en relation avec les autres me permet de vivre de mieux en mieux les situations de la vie, tant quotidiennes qu’exceptionnelles. J’apprécie de pouvoir me « raccrocher » à des outils, à des clés, à des guides, dans les moments où je me sens encore démunie, voire impuissante, pour trouver mon chemin.
Cela fait des années que je mets en place les outils de la Méthode ESPERE dans mon quotidien. Comme pour toutes les choses que l’on apprend, au début, il est nécessaire d’être rigoureux, d’appliquer les concepts « à la lettre », de tester des choses, de voir ce qui « marche » ou pas, d’explorer ce qui me correspond ou pas, et petit à petit acquérir des habitudes, des réflexes relationnels qui permettent de fluidifier les relations au quotidien. J’en tire tous les jours un grand bénéfice et cela motive sans cesse mon désir de continuer à partager, à transmettre cette pédagogie de la relation pour que chacun ait les clés pour avancer.
Au-delà de cela, de ces énormes bénéfices que je viens d’évoquer, acquérir les outils de la communication relationnelle permet, à mon sens, d’atteindre un objectif bien supérieur. En acceptant de se remettre en question et de revoir les fondements mêmes de notre rapport aux autres, nous avons accès à quelque chose d’essentiel, quelque chose de plus grand, qui illumine et facilite, par essence, le chemin.
J’ai bien conscience que pour une majorité de personnes, c’est déjà un travail de base, de nettoyage, d’apprentissage qui sera nécessaire. Ce que je souhaite évoquer ici, c’est l’au-delà de l’apprentissage de la communication… ce à quoi vous accédez au fur et à mesure.
En effet, l’apprentissage de la communication relationnelle se conjugue souvent avec la découverte et l’acceptation de notre authenticité, de notre force et de notre vulnérabilité. Et par le fait même, de la découverte de ces mêmes dimensions chez l’autre. Ainsi, au-delà de mieux communiquer avec l’autre, il s’agit d’apprendre à offrir de soi et à recevoir de l’autre, sans jugement. Une communication est vivante lorsqu’elle met en lien les parts les plus authentiques, les plus vibrantes de chacune des personnes.
Exprimer avec honnêteté ce qui est vivant en moi à un instant donné et entendre, sans jugement, ni projection, la partie vivante que l’autre partage avec vous sont de véritables cadeaux ! Et cela commence par le « Bonjour ! ». La simple question « comment ça va ?» est une occasion de reconnaître en vous et en l’autre ce qui est vibrant.
Tout cela pour dire quoi ?
Je souhaitais écrire cet article, car pour moi l’apprentissage de la communication relationnelle n’est pas un but en soi. Le but est de pouvoir reconnaitre la vie, l’amour, l’énergie, la beauté, les ressources, les rêves… toutes les belles choses qui sont en chaque être, en vous-même et d’en prendre soin.
Bien sûr, la communication sert tous les jours pour toutes sortes de choses s’organiser, échanger, travailler… je découvre avec le temps à quel point une communication plus subtile s’installe en filigrane. Et il me semble que celle-ci est très liée à l’intention qui est derrière. En effet, je peux dire « bonjour » à une caissière de façon automatique en restant dans mes pensées, ou je peux prendre le temps (2 sec.) pour vraiment la regarder et être présent pour établir le lien. Un sourire, une remarque simple de reconnaissance de son travail, du type « je vous trouve courageuse de travailler dans le froid / si tard » « je vous remercie d’être aussi efficace », change souvent du tout au tout mon passage en caisse. Et c’est si simple !
Ce que je veux dire par là, est que la communication relationnelle propose des outils, cependant le but est au-delà des outils, il est dans la façon dont dépassez les concepts pour ÊTRE véritablement la personne que vous êtes, dans le vivant, l’authenticité, la vulnérabilité, la force… les outils ne sont que le moyen d’y arriver.
Pour illustrer cela, voici une citation de Marshall Rosenberg dans Les bases spirituelles de la Communication Nonviolente.
« J’ai modifié une parabole bouddhiste qui se réfère à cette question. Imaginez un lieu magnifique, intact, sacré. Imaginez que vous pourriez réellement faire l’expérience de ce qu’est Dieu si vous vous rendiez dans ce lieu. Mais disons qu’il y a une rivière entre vous et ce lieu ; que vous avez le souhait de vous rendre dans ce lieu, cependant, pour ce faire, il vous faut traverser la rivière. Alors vous trouvez un radeau et ce radeau est un outil bien commode pour vous permettre cette traversée. Une fois parvenu de l’autre côté, vous pouvez terminer votre trajet à pied pour parvenir à ce lieu magnifique. Mais la parabole bouddhiste s’achève en disant « Fou est celui qui poursuit son chemin jusqu’au lieu sacré en portant le radeau sur son dos ».
La communication non violente est un outil qui permet d’aller au-delà de mon conditionnement culturel jusqu’à ce lieu. Elle n’est pas le lieu en question. Si nous devenons dépendants du radeau, attachés au radeau, ça rend plus difficile le trajet jusqu’à cet endroit. »
Méthode ESPERE, Communication Non violente et autres pédagogies de la relation ont ce but en commun : la mécanique est utile pour permettre à une voiture de rouler, une fois que tout est bien réglé, on peut voyager et admirer le paysage sans avoir à mettre le nez dans le moteur.
Je vous souhaite un beau voyage !
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