imaginer-consequences Combien de fois prédit-on avec certitude ce que l’autre va faire, dire, penser dans telle ou telle situation ?

Je trouve cela extraordinaire cette habilité que nous avons de savoir ce qui va se passer. Le don médiumnique serait-il en chacun ?

J’exagère ? Peut-être…. pas tant que ça finalement. Dans les ateliers que j’anime j’entends souvent des phrases comme :

«  Je le connais bien, je sais comment il va réagir si je lui demande ceci ».

« Il le sait bien ! Je lui ai dit 100 fois, je ne vois pas pourquoi ça changerai ».

« Si je le lui demande, c’est sûr, il va refuser ».

Et le plus étonnant, ce n’est pas cette capacité de lire dans l’avenir pour prédire le comportement de l’autre, non ce que je trouve surprenant c’est que dans la majorité des cas nous prédisons des choses négatives !

C’est un peu dommage, non ?! Quitte à avoir ce don là, autant prédire des choses agréables, n’est-ce pas ?

Ce qui se passe dans ces moments là, c’est que nous mettons notre imaginaire en marche et nous imaginons ce qui pourrait se passer dans telle ou telle situation. Pour faire cela, nous utilisons ce que nous avons à dispositions :

  • Notre expérience dans la relation avec la personne (nos vécus, l’historique, nos perceptions…)
  • Et aussi : notre capacité – imaginaire – de penser à la place de l’autre et de savoir pour lui
  • Et enfin : nos peurs, nos désirs, nos attentes, nos angoisses…

1- Sortir des automatismes

Il semble légitime de se baser sur ce qui a déjà été vécu et presque inévitable (nous sommes câblés comme cela et c’est comme cela que nous apprenons). Seulement, vous est-il possible de prendre un peu de recul et de ne pas enfermer l’autre (et vous-même) dans un processus inéluctable ?

Oui cette personne à réagit 200 fois de la même manière…. Accepteriez-vous de laissez la possibilité que la 201ième fois soit différente ?

J’imagine qu’il vous ait arrivé d’avoir une habitude… avoir un aliment préféré, un chanteur préféré, une passion, des lieux souvent fréquentés… et puis parce que vous avez changez, cette habitude elle aussi a changé. Et lorsqu’une personne vous sert votre « plat préféré » les yeux brillants de certitude de vous faire plaisir, osez-vous dire que vos goûts ont changés ou souriez-vous pour ne pas faire de peine à cette personne bien intentionnée ?

Pas si simple de sortir d’un cadre dans lequel l’autre nous enferme… et la vie fait très souvent bouger notre cadre. Si ça change pour nous, ça change aussi pour l’autre… et continuer à lui resservir le même plat en permanence sans laisser la porte ouverte à autre chose est une façon de l’enfermer dans une image figée de laquelle il lui sera probablement difficile de sortir.

« La seule chose qui ne change pas, c’est le changement », arrêtez de voir l’autre de manière figée et laissez la porte ouverte à de nouvelle attitudes.

2- Arrêter de penser à la place de l’autre

Un des pièges relationnels les plus fréquents est celui d’imaginer ce que vit l’autre, comment il pense, ce qu’il ressent… Or, si nous pouvons percevoir des choses de l’extérieur, c’est bien la personne concernée qui les ressent et c’est indiscutable.

Exemple :

  • « j’ai froid »
  • « mais non, il fait chaud »

Un classique qui a pour but de clarifier ce point. Quand la personne exprime un ressentit, c’est elle qui le ressent, l’autre ne peut pas savoir si elle a vraiment froid ou si elle fait semblant. Il y a une différence entre (1) « j’ai froid » et (2) « il fait froid ». (1) Il s’agit d’un ressentit, non réfutable. (2) Il s’agit d’une idée qui peut être discutée un thermomètre à l’appui.

Répondre à l’autre « mais non, il fait chaud », consiste à nier le ressentit de l’autre.

De la même manière, vous pouvez imaginez ce que l’autre va ressentir lorsque vous lui direz ceci ou cela, en réalité il n’y a que la personne qui reçoit le message qui lui en donne son sens et ses ressentis lui appartiendront.

Le libre-arbitre de l’autre pourra toujours mettre à défaut nos perceptions les plus fines.

3- Entendre que ce sont nos peurs qui s’expriment

Lorsque nous pensons être sûr de ce qui va se passer et qu’en général nous prédisons un échec ou un rejet ou toute autres réactions désagréables, ce sont nos peurs qui viennent alimenter notre imaginaire. Souvent très créatif dans ce domaine, notre imaginaire créé les pires scénarios de notre cinéma intérieur. Auto-alimenté, ces films intérieurs sont le plus souvent constitués de victimisation, d’humiliation, d’injustice, d’incompréhension…

A partir du moment où vous identifiez cela, il est tout à fait possible de prendre du recul et d’orienter les choses différemment. « Je ne vais pas lui dire, ça risque de lui faire de la peine »…. C’est bien votre peur de faire du mal à l’autre qui s’exprime et non pas votre besoin de vous dire dans vos ressentis. En prédisant ce que l’autre va ressentir, d’une certaine manière vous vous sacrifier sur la base de l’élucubration d’un ressentit imaginaire que vous prédisez pour l’autre, n’est-ce pas ?

Si vous sentez que la peur est forte il est possible de la nuancer en prenant de la distance « ma tête me dit que… », « ma peur me souffle que… ».

Gardez en tête que vous n’avez pas le pouvoir de rendre l’autre heureux ou malheureux quelque soit ce que vous dites ou faites.

J’ai écrit ce billet pour vous encourager à vous dire et arrêter de penser à la place de l’autre car souvent les événements réels sont plus doux que les scénarios que nous avons imaginés et nombre de situations relationnelles sont sabotées par ce fonctionnement.

Au plaisir de lire et de répondre à vos témoignages.

Gaëlle Dupont