« Il n’en fait qu’à sa tête »
« C’est un enfant difficile »
« Il est infernal »
Autant de phrases et de remarques que certains parents utilisent lorsqu’ils se sentent démunis devant le comportement de leur enfant.
Comment faire alors, pour que votre enfant vous écoute, qu’il ne soit plus infernal… ?
J’ai d’abord envie de vous poser cette question : souhaitez-vous que votre enfant vous écoute ou qu’il vous obéisse ?
Cette question est importante car elle vous permet de clarifier quelles sont vos intentions. Il est assez rare que les enfants n’entendent pas ce que vous leur disiez, il est plus fréquent qu’ils choisissent de ne pas vous obéir. Pourquoi ? Parce que faire des bêtises c’est plus rigolo que de ne pas en faire, parce qu’il préfère continuer à jouer, parce que mettre la table ne les intéresse pas, parce que mettre les gants quand on est sur les jeux du parc ce n’est pas pratique, parce que… les raisons ne manquent pas !
Si votre enfant ne vous obéit pas, ce n’est pas parce qu’il est difficile ou parce que vous êtes un mauvais parent. Si vous considérez les choses sous cet angle, c’est comme si vous mettiez une étiquette sur votre enfant ou sur vous-même. Dans ce genre de situation, il n’existe pas d’enfant difficile, ni de mauvais parents. Il existe des enfants qui expriment quelque chose, comme ils le peuvent ; et des parents qui tentent de faire au mieux.
Comment faire alors pour que le message passe et que vous vous sentiez mieux avec votre enfant ?
La première chose est peut-être de considérer votre enfant comme un être qui a ses propres désirs, ses propres besoins, ses peurs, ses ressentis bien à lui. Il manque souvent de mots pour vous dire ce qu’il ressent, pour vous expliquer comment il vit certaines situations. Alors, si vous entendez que son comportement (quel qu’il soit) est sa manière à lui de dire des choses, vous ouvrez la porte à de nouveaux possibles.
La deuxième chose est sûrement de stopper de vous dire que vous êtes « nul », que vous êtes « un mauvais parent »… si vous souhaitez le bien de votre enfant et que vous faites le mieux que vous pouvez pour lui, alors accepter de reconnaitre que vous avez besoin de changer certaines de vos attitudes est une belle évolution.
Ensuite, lorsque vous parlez à votre enfant, évitez d’utiliser des formulations qui bloquent les relations.
Pour faire en sorte que votre enfant range sa chambre, il est peu probable qu’il accepte de le faire s’il est embarqué dans un jeu et que vous lui imposez de tout arrêter immédiatement pour satisfaire votre désir. Si votre enfant est assez grand pour ranger, il l’est aussi pour se responsabiliser.
Pour cela :
- Évitez de le prendre du court, laissez-lui le temps de pouvoir gérer lui-même ce qu’il a à faire.
- Exprimez clairement votre demande : « Arthur, il est 17h et je souhaite que ta chambre soit rangée avant que tu viennes diner à 19h. Est-ce que tu es d’accord de t’en occuper ? »
- Écoutez la réponse de votre enfant. S’il est d’accord, c’est un engagement qu’il prend avec vous. S’il n’est pas d’accord, écoutez ses raisons et trouvez un terrain d’entente. Sans vous justifier en permanence, il est bon parfois d’expliquer pourquoi vous faites cette demande : « Je te demande cela parce que la femme de ménage vient demain matin et elle a besoin que tout soit bien ranger pour bien nettoyer partout ».
- Une fois que vous vous êtes mis d’accord, n’intervenez plus, laissez-le se prendre en charge (à la mesure de son âge).
- A l’heure dite, venez vous enquérir de l’état de la chambre. Sachez féliciter votre enfant, ou lui rappeler qu’il était d’accord avec votre demande et que maintenant il s’agit de le faire.
Si la chambre n’est pas rangée, surtout NE LE FAITES PAS A SA PLACE. Parce qu’alors vous le déresponsabilisez et il saura alors qu’il peut faire ce qu’il veut puisque vous finissez par le faire pour lui.
Pour aider votre enfant à se responsabiliser, vous pouvez lui donner des repères avec une horloge, demandez-lui s’il souhaite que vous lui rappeliez la consigne 15 min avant le repas, essayez de donner une allure de jeu ce qui semble être une corvée, proposez-lui votre aide…
D’autre part, lorsque votre enfant crie ou agit d’une façon que vous n’aimez pas, il est possible que vous le lui disiez : « Quand je t’entends crier de cette manière, je ne sais pas ce que tu tentes de me faire comprendre, ça a l’air très important », « J’imagine que tu dois être très en colère pour taper sur tes jouets de cette manière, est-ce que tu veux m’en parler ? », « Quand tu as cette attitude, je n’ai pas envie de te faire plaisir, cela ne m’intéresse pas »… En parlant de vous et de comment vous vivez son comportement, vous lui montrez qu’il est possible de mettre des mots sur vos émotions et vous pouvez l’inviter à faire la même chose.
Ainsi, quand votre enfant vous semble difficile… tendez l’oreille, il a sûrement des choses à vous dire…
Marshall Rosenberg le dit également très bien dans « enseigner avec bienveillance »…