Empathie« Je te comprends »
« Je ressens la même chose »
« Je vis la même chose que toi »

Aujourd’hui, je souhaite revenir sur un terme que je trouve assez souvent détourné ou mal compris. Il s’agit de l’empathie. Souvent définit de la manière suivante : L’empathie désigne la capacité de se mettre à la place d’autrui, de se représenter ce qu’il ressent et/ou pense.

L’incohérence pour moi commence dès la définition « se mettre à la place d’autrui »… Dans la communication relationnelle une des premières choses que je montre est l’écharpe relationnelle. Cette écharpe représente la relation entre deux personnes. Chacune des personnes est responsable à son bout de la relation. Cela signifie que je suis responsable de mon bout et l’autre du sien. Quel sens alors puis-je donner à « se mettre à la place d’autrui » ?

Il s’agit pour moi d’une illusion, car se mettre à la place de l’autre, ressentir « comme » l’autre, n’est au mieux qu’une projection de soi sur l’autre. Tel un miroir, ce que vit la personne en face de nous fait échos à notre propre expérience, à nos croyances, notre vision du monde. Par conséquent, j’imagine non pas ce que « l’autre ressent », mais bien ce que je ressens moi à l’idée de vivre la situation telle que je me la représente.

Lorsque je suis dans l’empathie, je suis à l’écoute des émotions, des ressentis. Or, seule la personne elle-même sait ce qu’elle ressent, personne d’autre. S’il fait 40°C et qu’une personne vous dit « j’ai froid » et que vous lui répondez « mais non il fait chaud », vous êtes en train de nier son ressenti. Seule cette personne sait si elle ressent du froid ou du chaud, quelque soit un point de vue qui se voudrait être « objectif ». Le ressenti d’une personne « est » et ne se discute pas. Il en est de même pour les émotions : « Je me sens triste » « mais non allez c’est la fête ! ».

Être empathique n’est pas tant se mettre à la place de l’autre, que d’être à l’écoute de ce qu’exprime l’autre. Lorsque vous vivez une rupture amoureuse et que vous en souffrez, avez-vous besoin d’une personne qui « ressent la même chose que vous » ou d’une personne qui entend votre souffrance, vos questionnements, vos doutes ?

Parce que nous avons besoin de nous dire et d’être entendu, bénéficier de l’écoute bienveillante d’une personne est un beau cadeau et probablement la meilleure façon de se sentir « aidé » et soutenu. En revanche entendre l’autre faire ses propres projections sur ce que je vis ne m’aide pas à m’entendre et me décentre de mes véritables ressentis.

L’écoute apporte une présence à l’autre, une chaleur humaine créatrice et ouverte à tout les possibles.

« Essayer de comprendre » l’autre à travers ses propres filtres et expérience risque d’étouffer l’autre sous votre besoin, vos peurs et autre demandes affectives, même avec les meilleures intentions du monde.

Je vous invite donc « à rester à votre bout de l’écharpe » et de tenter d’être à l’écoute pour permettre à l’autre de s’entendre et de pouvoir se dire dans ce qu’il vit, ce qu’il ressent, ce qu’il pense. Sans jugement, dans l’accueil de ce qui se présente.

J’ai conscience que mon point de vue peut surprendre et déranger. N’hésitez pas à me laissez des commentaires, je me ferai un plaisir de vous répondre.

 Gaëlle Dupont